Une dizaine d’année après la création de l’IAS, International Association of Sedimentologists, l’Association des Sédimentologistes Français (ASF) est créée en 1964 sous le statut des associations régie par la loi de 1901, par la volonté d’illustres devanciers : Pierre Pruvost (premier président), André Vatan (membre d’honneur de l’IAS en 1975), Yvonne Gubler (membre d’honneur de l’IAS en 1978) …
L’ASF a pour objectif de réunir toute personne intéressée par l’étude de la mise en place des sédiments, de la formation des roches sédimentaires et à la prospection des ressources des bassins sédimentaires. Elle est composée pour une part de professionnels universitaires, enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants géologues mais aussi d’amateurs et d’enseignants de l’enseignement secondaire ou des grandes écoles et d’autre part, par des industriels des domaines pétrolier, minier, stockage…
L’ASF a son siège à la Maison de la Géologie dont elle possède des parts.
Régulièrement, l’ASF s’est associée à la Société Géologique de France (SGF), au Groupe Français du Jurassique, ou encore au Groupe Français du Crétacé, pour organiser des réunions spécialisées à Paris, à Maison de la Géologie, l’Ecole des Mines, dans diverses Universités et autres….
L’ASF organise un congrès biennal qui a lieu dans une université ou une école. A deux occasions elle a associé son congrès avec le congrès régional de l’IAS, Aix-les-Bains (1995) et Toulouse (2017). Elle a toujours été proche des applications industrielles de la sédimentologie notamment pour une meilleure caractérisation des réservoirs. Son prix « Yvonne Gubler » longtemps été financé par GDF-SUEZ (puis Engie), puis TOTAL, est décerné à un(e) jeune docteur(e) pour l’excellence de sa recherche doctorale et remis à l’occasion du congrès. Son activité principale est centrée sur la sédimentologie de terrain, en France et à l’étranger, en organisant des écoles d’été et des excursions. Cette accroche avec le terrain lui permet d’être au contact avec des associations régionales comme AGBP, AGSO, SGN, ou spécialisées dans certaines époques géologiques comme GFJ, GFeP… Cette volonté de transmission chère à sa fondatrice Yvonne Gubler se prolonge dans l’édition en français et en anglais des actes de ses congrès, de documents relatifs à ses workshops et des livrets-guides de ses excursions.
Historiquement, l’ASF est donc issue de la volonté de fédérer les sédimentologistes du monde académique et industriel, à l’instar de la SFMC pour la minéralogie ou de l’UFG pour la géologie appliquée. L’une de ses fondatrices, Yvonne Gubler avait été cofondatrice et présidente de l’IAS. Elle était la responsable du service de sédimentologie de l’Institut Français du Pétrole. Elle a introduit la sédimentologie à l’Ecole des Pétroles et des Moteurs (devenue depuis l’IFP-School). Dans les années 80, Bernard Beaudoin, professeur à l’Ecole des Mines, et des collègues universitaires, Jean Delfaud, Fabienne Orzag-Sperber, Bruce Purser… donnent une nouvelle dimension aux activites de l’ASF.
Bernard Beaudoin lance le cycle des congrès de l’ASF et les éditions de l’ASF. Les congrès se tiennent en alternance avec les congrès de la Société Géologique de France (RST). Le premier congrès a lieu en 1987 dans les locaux de l’Ecole des Mines. Ces congrès sont attractifs aussi par les excursions sur le terrain qu’ils proposent, et qui font l’objet de fascicules édités par l’ASF. Bernard Beaudoin maintient le cap des formations à destination des jeunes sédimentologues, et introduit le financement d’étudiants de DEA pour participer aux congrès et pour rencontrer les acteurs industriels de la géologie sédimentaire qui sont à l’époque aussi ses principaux recruteurs. Sous sa présidence, le bureau de l’ASF est ouvert à des vice-présidents venant du monde industriel, le plus souvent pétroliers (Elf et Total), puis avec l’Andra, Cogema et Areva. Cette ouverture favorise le partenariat et le soutien financier de ces grandes entreprises à l’ASF.
Sous la présidence de François Guillocheau, une première école d’été sur les faciès silicoclastiques se tient en 1993 dans la région de Digne. Dans les années 2000, l’animation se développe graduellement sous la présidence de Thierry Mulder. C’est à cette période que la communication vers les membres se développe, avec la création du site internet (Sébastien Zaragosi, puis Geoffray Musial) et la première bibliothèque en ligne de thèses de sédimentologie, ainsi que la lettre de l’ASF diffusée aux membres par voie électronique.
L’ASF fait partie des associations co-fondatrices de la Fédération Française de Géologie en 2009, qui reprend brièvement la représentation française de la géologie au COFUSI (comité international des unions scientifiques représentés par les pays siégeant à l’ONU), rôle qui était précédemment tenu par le CNFG. A l’issue de l’Année Internationale de la Planète Terre (2007-2009), le CNFG et l’UFG sont intégrés sein de la SGF. L’ASF reste jusqu’à aujourd’hui, après la SGF, la plus importante association en termes de transversalité disciplinaire et professionnelle, et en termes d’audience de son congrès.
Sous les présidences de Serge Ferry, Jean-François Deconinck et Cécile Robin, l’ASF a continué d’être le point de ralliement des sédimentologues du monde académique et industriel, de France, du monde francophone et des pays européens. Aujourd’hui elle renforce son partenariat avec la SGF et elle est reconnue par les associations internationales de sédimentologie (IAS, SEPM).
Jean-Yves Reynaud et Olivier Parize